La guerre des épées de fer – Est-ce la guerre de Gog et Magog ?

Voici les paroles énoncées lors du discours du directeur des institutions, le Rav Eliyahou Bohbot Shelita, la veille de Roch Chodesh Kislev 5784. Ces paroles sont extraites de l’introduction de son livre “Eassefou véagida”, publié en 2020. Le Rav a souligné la nature spéculative de ses propos, précisant qu’ils ne sont pas des affirmations catégoriques, mais plutôt des observations qui semblent plausibles, représentant potentiellement une perspective juste. Toutefois, il a admis que la correspondance entre la situation actuelle et les prophéties des livres nos sages demeure incertaine. La venue du Messie et le déclenchement de la Guéoula restent des sujets insondables, dépassant notre capacité à déterminer avec précision leur calendrier.

Dans le livre du prophète Ézéchiel, il est proclamé : « Par ma vie, affirme le Seigneur D., je jure que, muni d’une main puissante, d’un bras étendu et d’un courroux débordant, je régnerai sur vous ! » En d’autres termes, une période surviendra, à la fin des temps, où, si le peuple d’Israël ne fait pas spontanément Techouva, Hachem interviendra de manière décisive, incitant le peuple à se repentir pour amener la Gueoula. Nos Sages expliquent qu’à ce moment-là, D. établira un dirigeant dont les décrets seront aussi sévères que ceux d’Haman, induisant ainsi le repentir par l’intermédiaire d’une “main puissante”, d’un “bras étendu” et d’un “courroux débordant”. Le traité Sanhédrin rapporte les paroles de Rav Nachman : “Nous désirons cette colère divine, car elle nous conduira à la Gueoula.” Cela signifie que nous accueillons avec joie l’idée que D. nous incite à nous rapprocher de Lui par le biais de cette colère.

Le Gaon Rav Elhanan Wasserman zatsal, élève du Hafetz Haïm, détaille dans son ouvrage “Kovéts Maamarim”, en se fondant sur les midrashim, un processus en trois étapes décrit dans le verset suivant :

1. “Une main puissante”: Nos Sages enseignent que cette expression fait référence à une épidémie. La première étape consiste en l’envoi d’une calamité à l’échelle mondiale par D., visant à réveiller et inciter le peuple d’Israël au repentir. Nous sommes bien familiers avec cette première étape, après avoir traversé le “corona”. En l’absence de repentir, la deuxième étape survient.

2. “Un bras étendu” : Selon nos Sages, cela représente l’épée, évoquant ainsi le nom actuel de la guerre : “Les Épées de Fer”. La particularité de cette guerre par rapport aux conflits antérieurs réside dans le fait que, dans cette bataille, Hachem dissimule moins Sa face (la providence divine). Contrairement aux guerres précédentes, D. établit une distinction nette entre ceux qui observent le shabbat et ceux qui ne le respectent pas, le shabbat étant un signe évident distinguant les observants des transgresseurs des mitsvot. Cette guerre vise donc à susciter le repentir, comme en témoigne le renforcement de l’observance des Mitsvot constaté chez de nombreux individus au cours de ce conflit. En l’absence de repentir, la troisième étape peut se manifester.

3. “Un courroux débordant” : Les midrashim évoquent la famine à ce stade, mais le Rav Wasserman interprète que la famine mentionnée est une question secondaire. Ce qui se cache derrière l’expression “un courroux débordant” fait référence en réalité à “beaucoup de sang et de larmes”, suggérant peut-être une guerre avec le Hezbollah et l’Iran, voire une Troisième Guerre mondiale. Il est juste de noter également ce qu’a entendu le Lev Eliyahou du Rav Wasserman zatsal, qui a rapporté au nom du “Hafetz Chaim” zatsal que la Première Guerre mondiale, à l’époque du Hafetz Chaim, constituait la première partie de la guerre de Gog et Magog. Cinquante ans plus tard, prévoit le Chafetz Haïm, éclatera la Deuxième Guerre mondiale, bien plus grave que la première. Après plusieurs décennies, sans préciser la durée exacte, surviendra la troisième Guerre mondiale, la troisième et dernière partie de la guerre de Gog et Magog.

Jusqu’à présent, voici les propos du Rav Wasserman zatsal (que D. venge son sang). En combinant ces enseignements avec d’autres sources, on peut discerner que l’idée sous-tendant la troisième étape est que la communauté juive mondiale comprendra que « nous n’avons personne sur qui compter à part notre Père céleste » (comme il est mentionné dans la Mishna et la Guemara à la fin du traité Sota – ces signes caractéristiques de la veille de la Guéoula complète). En ces moments-là, nous devons implorer D. pour qu’Il nous sauve, car Lui seul détient le pouvoir de le faire. Lorsque nous prions pour la Guéoula avec la conscience de notre dépendance envers Lui (et donc notre obligation de suivre Sa volonté), cela constitue en soi un acte de Techouva.

Cette prière que nous exprimerons deviendra le point central déclencheur de la Guéoula, comme le soulignent nos sages : le rôle des fils d’Ishmaël (les Arabes) dans le monde est de nous conduire à prier à Hachem pour qu’Il nous sauve, et ainsi le Messie viendra. C’est pourquoi il s’appelle Ishmaël – Dieu écoutera et les sauvera. Ces paroles résonnent avec celles du verset d’Osée : “Après que les enfants d’Israël reviendront et chercheront Hachem leur D. et David leur roi, et craindront D. et sa bonté dans les derniers jours” – ce qui signifie que la demande même de la Guéoula est appelée Techouva – c’est cela le repentir qu’ils accompliront à la fin de l’exil, comme l’écrit le Radak : « Ce sera dans les derniers jours proches du temps de la Guéoula que les Juifs reviendront et feront Techouva ». Les Sages dans le Yalkout Shimoni expliquent que leur Techouva consistera à prier à D. et à demander qu’Hachem règne sur le monde et le royaume de la dynastie de David, ainsi que la construction du temple (les choses qu’ils ont rejetées à l’époque de Jéroboam). Grâce à cela, ils verront “un signe de la Guéoula” (comme écrit dans le Yalkout Shimoni), et dans l’Even Ezra sur le verset mentionné précédemment, il ajoute qu’alors ils seront libérés et sauvés de manière soudaine (de la même manière que ce qui est écrit (Malachie 3, 1) : “Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Maître dont vous souhaitez la venue”). C’est ainsi qu’il explique la fin du verset : “Qu’ils reviendront vers leur pays vite quand la fin viendra, tout d’un coup, etc.”

Cependant, il convient de noter qu’il est envisageable que, étant donné les nombreuses épreuves endurées par le peuple d’Israël au cours de son long exil, la troisième étape du “courroux débordant”, qui est essentiellement un processus « douloureux », puisse ne plus être nécessaire (En espérant qu’elle s’appliquera dans les termes de ce qui est écrit dans le verset des Psaumes : “Déverse ta colère sur les nations qui ne te connaissent pas et sur les royaumes qu’ils n’ont pas appelés en ton nom”). Il est envisageable qu’ils ressentent simplement une grande peur et qu’ils soient témoins de grands miracles (plus que lors de la sortie d’Égypte), ce qui les amènera à faire Techouva par amour d’Hachem. C’est pourquoi nous devons constamment prier pour une Guéoula “de miséricorde”, c’est-à-dire obtenue à travers des miracles et la bienveillance d’Hachem, sans recourir à des processus impliquant la souffrance. Certains éminents Maîtres du peuple juif, tels que le Steipler zatsal et d’autres, partagent l’opinion que le peuple d’Israël a déjà suffisamment souffert pendant la Shoah des Juifs européens, et qu’il ne sera peut-être pas nécessaire de traverser des étapes aussi douloureuses.

La guerre de Gog et Magog ?

Quant à savoir si la guerre actuelle (épées de fer) est liée à la guerre de Gog et Magog, l’avis du Rav Bohbot est que, pour l’instant, il n’y a pas de lien significatif selon les sources pour affirmer que c’est la guerre de Gog et Magog. Outre le fait que la guerre a commencé à Shemini Atzeret, qui était à l’étranger le jour de Hoshana Rabbah, une tradition reçue de Rav Hay Gaon suggère que la guerre de Gog et Magog débutera le jour d’Hoshana Rabbah. Cependant, le Rav Bohbot souligne qu’il est possible que cette guerre soit une préparation. Il est également envisageable que la “troisième étape” susmentionnée soit effectivement considérée comme la guerre de Gog et Magog, comme en témoigne le “Lev Eliyahou” au nom du Hafetz Haïm.

Jusqu’à là sont les paroles du Rav Bohbot Chelita et la suite est un ajout de l’équipe du site “Mechiv Kahalacha”.

Voici ce que le Malbim et d’autres Maîtres ont écrit : la guerre de Gog et Magog sera initialement un conflit entre les descendants d’Ishmaël (les pays arabes, avec une implication russe) et les chrétiens (les États-Unis et l’Europe). Ils se battront initialement pour la cause du peuple d’Israël. À un certain moment, ils réaliseront que cela n’a aucun sens de combattre pour le peuple d’Israël. Ils prendront alors la décision de s’unir pour attaquer Israël, ce qui pourrait correspondre à la troisième étape mentionnée précédemment, le “courroux débordant”. C’est à ce moment que le Messie apparaîtra et libérera le peuple d’Israël. Il est à noter que selon de nombreux Midrachim, il est possible que la Guéoula ait lieu avant même le déclenchement de la guerre de Gog et Magog.

Ce que le Malbim a prédit semble correspondre à la situation actuelle. Les États-Unis et plusieurs pays européens ont déployé des navires de guerre en soutien à Israël contre le Hezbollah. D’un autre côté, Poutine (la Russie) a averti qu’il rejoindrait le conflit si les États-Unis entrent en guerre (contre Israël), une menace également émise par le dirigeant de la Corée du Nord et l’Iran. Les Chinois, en plus de leurs avertissements, ont pris des mesures en envoyant des navires de guerre équipés de missiles. Tous les pays arabes, dont l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie, ont montré des signes de coopération contre Israël. Ainsi, en cas d’une éventuelle escalade avec le Hezbollah, il est tout à fait envisageable que le monde entier soit impliqué dans un conflit lié au peuple d’Israël, comme l’a prédit le Malbim zatsal.

Il est important de noter qu’une “guerre mondiale” ne se déclare pas du jour au lendemain, et les dirigeants mondiaux sont réticents à prendre une telle mesure, surtout à une époque où tout le monde est doté d’armes atomiques, entraînant des destructions massives. Cependant, il semble que Dieu ait commencé à poser les bases pour cette étape (“la troisième étape” – qui serait une troisième guerre mondiale, en réalité la guerre de Gog et Magog comme mentionné). Cela a débuté peu après la fin de l’épidémie de corona (“la première étape”), avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine préparant le terrain pour un conflit mondial.

Les États-Unis et l’Europe se battent indirectement contre la Russie depuis plusieurs années, principalement par le biais de l’Ukraine, fournissant armes et financement à cette dernière (la seule raison pour laquelle l’Ukraine peut résister face à la superpuissance russe). Cette situation irrite Poutine depuis longtemps et le place dans une impasse. De plus, la guerre entre la Russie et l’Ukraine a forcé la Russie à renforcer son alliance avec l’Iran pour obtenir son soutien.

Sans cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, il est probable que les pays du monde n’auraient pas agi aussi rapidement en envoyant des navires de guerre en Terre d’Israël. La guerre avec l’Ukraine a également légitimé l’idée d’utiliser des armes non conventionnelles. Cette préparation a commencé en 2013, lorsque les Russes ont occupé la Crimée, poussant les Ukrainiens à ne pas abandonner en 2021 lorsque Poutine a décidé d’occuper à nouveau certaines parties de l’Ukraine. La tradition du Gaon de Vilna, qui considère la conquête de la Crimée comme faisant partie des “pas du Messie”, prend tout son sens, indiquant le début des étapes menant à la Guéoula. Cela correspond bien aux sources citées dans l’article “La guerre entre la Russie et l’Ukraine – la guerre de Gog et Magog ?” qui suggèrent que cette guerre pourrait préparer le monde à la Troisième Guerre mondiale, susceptible d’éclater à la suite d’un conflit en Terre d’Israël.

En ce moment crucial, notre action principale doit être la prière pour que la Guéoula, la délivrance tant attendue, s’accomplisse par le biais de l’attribut divin de miséricorde. Nous devons entreprendre une Techouva motivée par l’amour, éliminant ainsi la nécessité de traverser des étapes douloureuses, plutôt qu’une Techouva basée sur la crainte. Il est essentiel de prier ardemment pour que la Guéoula survienne dans les plus brefs délais, car une délivrance précoce (Ahishéna) est empreinte de plus de miséricorde.

Les enseignements du Rav Bohbot Shelita indiquent qu’il est peu probable que la Guéoula se réalise par le chemin ardu de la Techouva par la crainte. Il exprime le sentiment que cela serait “misérable” pour Dieu de voir l’histoire du monde se conclure de manière douloureuse, où le peuple d’Israël devrait faire Techouva à travers des souffrances. De plus, considérant le peuple d’Israël comme “des enfants nés en captivité”, ayant enduré l’exil et l’oppression, il souligne que la clémence est due à ceux qui ont été contraints, comme le suggère l’adage : « Et la jeune fille tu ne feras rien », indiquant qu’il est inapproprié de punir celui qui a été contraint en cas de force majeure. Ainsi, notre prière devrait se concentrer sur l’avènement de la Guéoula par une Techouva motivée par l’amour, accompagnée de miracles et de prodiges, sanctifiant ainsi le nom de Dieu rapidement et dans un avenir proche. Amen.