Guide de conversion

 

Introduction

De nombreuses personnes aspirent à rejoindre le peuple juif, mais peu réussissent à franchir avec succès le processus de conversion. En effet, tous ceux qui désirent se convertir n’ont pas toujours conscience de l’engagement profond et de la volonté sincère qu’exige un tel parcours, notamment le changement radical de mode de vie et l’acceptation des mitsvot (commandements) de la Torah.

Le processus de conversion au judaïsme se distingue des procédures similaires dans d’autres religions. Pour se convertir, il est essentiel d’apprendre et de comprendre les commandements de la Torah, de saisir ce que signifie véritablement être juif, puis d’accepter de respecter l’ensemble des mitsvot. Ce n’est qu’après cette étape que s’effectue la circoncision et l’immersion dans le mikvé pour les hommes, tandis que pour les femmes, seule l’immersion dans le mikvé est requise.

Chaque année, environ 3 000 personnes rejoignent le peuple juif après avoir réussi à naviguer avec succès à travers ce processus de conversion.

Dans ce guide succinct, nous offrirons aux personnes intéressées un aperçu technique du processus de conversion, ainsi qu’une réflexion sur sa signification spirituelle et pratique selon la loi juive. Cela permettra à chacun de prendre une décision éclairée quant à la pertinence de ce choix et de déterminer s’il ou elle est prêt(e) à entreprendre ce cheminement significatif. De plus, si l’intéressé(e) décide finalement de s’engager dans ce processus, il ou elle saura à quoi s’attendre et comment se préparer de manière adéquate, afin de mener à bien cette conversion en toute sérénité, sans surprises en cours de route.

 

 

Les étapes du processus de conversion d’un point de vue technique

Le processus de conversion en Israël se distingue de celui qui a lieu à l’étranger. En Israël, un système national de conversion, géré par l’État, existe et plusieurs organismes reconnus offrent un accompagnement aux personnes souhaitant se convertir. À l’inverse, dans d’autres pays, il n’existe pas de système national de conversion. Dans les pays où la population juive est significative, des tribunaux rabbiniques autorisés par le rabbinat local gèrent les conversions. Dans d’autres régions dépourvues de structures formelles, des tribunaux rabbiniques communautaires privés appliquent leurs propres critères de conversion. Malgré ces différences, le processus général reste similaire dans tous les tribunaux orthodoxes, avec des variations mineures concernant la durée et la rigueur des exigences imposées aux convertis.

Nous allons maintenant détailler les étapes du processus de conversion en Israël, en précisant que, dans les autres pays, les exigences et les principes directeurs demeurent généralement analogues.

 

 

Inscription et début des études préparatoires à la conversion

En Israël, plusieurs organismes sont chargés de préparer et d’accompagner les convertis tout au long de leur parcours. La première étape consiste donc à s’inscrire dans l’un de ces organismes reconnus, afin d’intégrer une classe appropriée et de débuter les études nécessaires à la conversion. Les critères principaux pour choisir un organisme d’accompagnement devraient être la disponibilité des services et la proximité géographique par rapport au domicile de la personne souhaitant se convertir.

Dans les autres pays, l’absence d’organismes d’accompagnement reconnus officiellement implique de se tourner vers le tribunal rabbinique local responsable des conversions, qui orientera la personne vers des formateurs agréés pour la préparation au processus de conversion.

 

 

 

Première rencontre avec le tribunal rabbinique – Ouverture du dossier de conversion

Environ deux mois après le début des études, la personne souhaitant se convertir se rend à une brève rencontre avec le tribunal rabbinique pour ouvrir un dossier de conversion et rencontrer les membres du tribunal. Lors de cet entretien, le tribunal fournit au candidat quelques directives générales et explique ses attentes en termes d’études et de préparation avant la prochaine rencontre, au cours de laquelle il viendra se convertir officiellement.

 

Deuxième rencontre – Entretien intermédiaire

En Israël, les organismes qui accompagnent les convertis organisent une rencontre intermédiaire avec le directeur de l’organisme environ huit mois après le début des études. Cet entretien a pour but de vérifier si la personne est prête à finaliser le processus de conversion devant le tribunal rabbinique et de s’assurer qu’elle possède toutes les connaissances nécessaires pour compléter la conversion.

 

Troisième rencontre – Délibération finale

Après avoir terminé la période d’études et de préparation, qui dure généralement entre dix mois et un an, le candidat se présente à une audience devant le tribunal rabbinique, souvent avec les mêmes juges rencontrés lors de l’ouverture du dossier. Il est accompagné de son tuteur, qui l’a guidé tout au long du processus d’apprentissage. À cette étape, le tribunal détermine si le candidat est apte à rejoindre le peuple d’Israël et à finaliser sa conversion. Si le tribunal estime que des préparations supplémentaires sont nécessaires, il demandera au candidat de poursuivre ses études. En revanche, s’il juge le candidat apte, celui-ci passe directement à l’étape suivante, qui est la conversion elle-même.

 

La conversion

Le processus de conversion comprend trois étapes pour les hommes et deux pour les femmes. La première étape est l’acceptation des commandements, la deuxième consiste en la circoncision (réservée aux hommes), et la troisième est l’immersion dans le mikvé.

Pour accepter les commandements, la personne en conversion déclare devant le tribunal rabbinique la formule suivante :
« Je m’engage à observer et à accomplir tous les commandements écrits dans la Torah, ainsi que ceux établis par les Sages, et à respecter les coutumes valides du peuple d’Israël. Je crois en un D. unique. » (אני מקבל על עצמי לשמור ולקיים את כל המצוות הכתובות בתורה ואת המצוות מדברי חכמים ואת המנהגים הכשרים בישראל ואני מאמין בה’ אחד).

Ensuite, le converti récite le verset : « Écoute, Israël, l’Éternel est notre D., l’Éternel est un. » (שמע ישראל ה’ אלוקינו ה’ אחד).

Après cette déclaration, la personne choisit un nom hébreu qu’elle utilisera dorénavant.

L’homme passe alors à l’étape de la circoncision, suivie de l’immersion dans le mikvé. Pour la femme, l’immersion dans le mikvé se fait directement, sans étape intermédiaire.

 

 

Les étapes de la conversion dans les sources de la loi juive

Selon la loi juive, le processus de conversion se compose de trois étapes. La première étape exige que le converti se présente devant trois juges rabbiniques. Après avoir reçu des explications sur certains commandements de la Torah, il doit accepter sincèrement et de tout cœur de se soumettre à l’ensemble des mitsvot. La deuxième étape est la circoncision, qui concerne uniquement les hommes. La troisième étape consiste en l’immersion dans le mikvé, effectuée en présence des trois juges rabbiniques, au cours de laquelle le converti renouvelle son engagement à respecter les commandements.

Ces trois étapes sont explicitées dans le Talmud, dans le traité Yevamot 46b. Le Rambam (Maïmonide), dans ses Lois sur les interdictions de mariage, au début du chapitre 13, souligne que ces étapes correspondent à celles par lesquelles le peuple d’Israël est entré dans l’alliance avec D. pour devenir Son peuple. Voici ce qu’il déclare :

« Par trois choses le peuple d’Israël est entré dans l’alliance : par la circoncision, l’immersion dans le mikvé et le sacrifice. La circoncision a eu lieu en Égypte, comme il est dit : “Aucun incirconcis ne mangera de l’agneau pascal.” Moïse a circoncis le peuple, car ils avaient négligé cette mitsva en Égypte, à l’exception de la tribu de Lévi. À leur sujet, il est dit : “Ils gardèrent Ton alliance.” L’immersion a eu lieu dans le désert avant la révélation de la Torah, comme il est écrit : “Sanctifie-les aujourd’hui et demain, et qu’ils lavent leurs vêtements.” Le sacrifice est mentionné dans le verset : “Il envoya les jeunes hommes des enfants d’Israël, et ils offrirent des holocaustes.” C’est par le biais de tout Israël qu’ils ont offert des sacrifices.

Ainsi, pour les générations futures, lorsqu’un non-juif souhaite entrer dans l’alliance et se réfugier sous les ailes de la Présence divine en acceptant le joug de la Torah, il doit accomplir la circoncision, l’immersion et offrir un sacrifice. Pour une femme, cela se limite à l’immersion et à l’offrande d’un sacrifice, comme il est dit : “Comme vous, ainsi sera le converti.” Tout comme vous avez eu besoin de la circoncision, de l’immersion et de l’offrande d’un sacrifice, il en est de même pour le converti à travers les générations. »

Ainsi a tranché le Shoulchan Aroukh dans le chapitre 268 de Yoré Déa, aux paragraphes 1 et 2, en ces termes :

« Un converti qui souhaite rejoindre le peuple d’Israël doit d’abord se faire circoncire. Lorsqu’il vient pour se convertir, on lui demande : “Pourquoi as-tu choisi de te convertir ? Ne sais-tu pas qu’Israël, en ce moment, est opprimé, accablé et dispersé, et que de nombreuses souffrances s’abattent sur eux ?” S’il répond : “Je le sais et je ne suis pas digne de m’associer à eux”, on l’accepte immédiatement.

On lui enseigne alors les principes fondamentaux de la religion, notamment l’unicité de Dieu et l’interdiction de l’idolâtrie, en prolongeant cet enseignement. On lui explique également quelques commandements mineurs et majeurs, ainsi que les sanctions qui leur sont associées. Par exemple, on lui dit : “Avant d’arriver à ce stade, si tu consommais de la graisse interdite (helev), tu n’étais pas passible de retranchement (karet), et si tu profanais le Shabbat, tu n’étais pas passible de lapidation. Maintenant, si tu consommes de la graisse interdite, tu es passible de retranchement, et si tu profanes le Shabbat, tu es passible de lapidation.” On veille à ne pas l’accabler d’exigences ni à lui fournir trop de détails.

De même, on lui explique les récompenses associées à l’accomplissement des mitsvot, en lui faisant comprendre qu’en pratiquant ces commandements, il mérite la vie dans le monde à venir. On lui enseigne aussi qu’aucun véritable juste n’existe en dehors de celui qui pratique ces mitsvot et en comprend le sens.

On lui dit : “Sache que le monde à venir est réservé aux justes, et ces justes sont Israël. Si tu vois Israël souffrir dans ce monde, sache que cela leur est bénéfique, car ils ne peuvent recevoir trop de bien ici-bas, comme les idolâtres, de peur que leur cœur ne s’enorgueillisse et qu’ils ne s’égarent, perdant ainsi leur récompense dans le monde à venir. De même, Hachem ne leur inflige pas de souffrances excessives afin qu’ils ne soient pas anéantis. Tous les idolâtres disparaîtront, tandis qu’Israël perdurera.” On prolonge cette explication pour l’aider à apprécier son choix.

S’il accepte, on le circoncit immédiatement, puis on attend sa guérison complète. Ensuite, on procède à une immersion conforme dans un mikvé, en s’assurant qu’aucun obstacle ne se trouve entre son corps et l’eau. Trois érudits de la Torah assistent à l’immersion, et on lui enseigne à nouveau quelques commandements mineurs et majeurs pendant qu’il se trouve dans l’eau.

Dans le cas d’une femme, des femmes l’accompagnent dans l’eau et l’aident à s’assoir jusqu’à ce que seules sa tête et son cou soient visibles, tandis que les juges restent à l’extérieur. Ils lui enseignent alors quelques commandements, et elle s’immerge ensuite devant eux. Ils détournent leur regard et sortent pour ne pas la voir lorsqu’elle émerge de l’eau. Après l’immersion, elle récite la bénédiction.

Dès qu’il ou elle s’est immergé(e), la personne est considérée comme un Juif ou une Juive à part entière. Si elle retourne ensuite à ses anciennes habitudes, elle est alors considérée comme un Juif apostat, et si elle se marie, ce mariage est valide. »

 

Après la conversion, il est considéré comme un Juif à part entière – et ne peut plus revenir en arrière

Une fois que le converti a terminé sa conversion, il ne peut plus revenir en arrière. Il ne peut pas renoncer à sa conversion et redevenir non-juif. Comme l’a statué le Shoulchan Aroukh dans Yoré Déa, à la fin du chapitre 268, même si un converti souhaite renoncer et commence à pratiquer l’idolâtrie, il ne peut pas redevenir non-juif ; il est considéré comme un Juif apostat.

 

Après la conversion, il est permis d’épouser une femme juive

Dans les textes du Shoulchan Aroukh mentionnés, il est également expliqué que, après s’être converti, le converti est considéré comme un Juif à part entière. Si un converti contracte un mariage, celui-ci est valide selon la loi juive.

De plus, dans le Shoulchan Aroukh, section Even HaEzer, chapitre 4, paragraphe 4, il est précisé que les convertis, une fois leur conversion accomplie, sont immédiatement considérés comme des Juifs et il leur est permis d’épouser une femme juive.

 

Un converti peut épouser une fille de Cohen – mais un Cohen ne peut pas épouser une convertie

De plus, un converti qui s’est converti selon les règles de la loi juive a le droit d’épouser une femme issue de la famille des Cohanim, même si un Cohen n’a pas le droit d’épouser une convertie. La raison en est que les femmes issues de lignées sacerdotales ne sont pas mises en garde contre l’interdiction d’épouser des hommes disqualifiés pour la prêtrise.

Comme cela est expliqué dans la Guemara, traité Kidoushin 73a : « Qu’il s’agisse d’un converti, d’un esclave affranchi ou d’un halal (descendant de Cohen disqualifié), tous sont autorisés à épouser une femme Cohen. Cela soutient l’avis de Rav, puisque Rav Yehouda a dit au nom de Rav que les femmes kashères ne sont pas mises en garde contre le mariage avec des hommes disqualifiés. »

Ainsi a également statué le Shoulchan Aroukh, dans Even HaEzer, chapitre 7, paragraphe 22, dans ces termes :

« Une femme Cohen a le droit d’épouser un halal, un converti ou un esclave affranchi, car les femmes kashères ne sont pas mises en garde contre le mariage avec ceux qui sont disqualifiés pour la prêtrise, comme il est dit : “Les fils d’Aaron” (Vayikra 21, 1) – et non pas les filles d’Aaron. »

 

La conversion selon le mouvement juif réformé

Il est important de souligner que, selon la loi juive, une conversion effectuée en dehors d’un tribunal rabbinique orthodoxe n’est pas reconnue comme valide. L’individu qui suit un tel processus reste considéré comme non-juif.

La raison principale réside dans le fait que la conversion nécessite la présence d’un Beth Din (tribunal rabbinique), et un tribunal réformé n’est pas considéré comme un Beth Din valide en raison de son manque de compétence dans les lois de la conversion telles qu’elles sont exigées par la halakha (loi juive).

De plus, le critère fondamental pour la conversion est l’acceptation du joug des mitsvot (commandements), y compris tous leurs détails, tant ceux écrits dans la Torah que ceux établis par les Sages. Cette acceptation fait défaut dans les conversions réformées, car celles-ci ne suivent pas l’ensemble des commandements de la Torah, réduisant ainsi la conversion à un simple rituel symbolique, sans obligation de respecter toutes les mitsvot. La Guemara, dans le traité Bekhorot 30b, explique que si un non-juif souhaite se convertir tout en excluant un seul commandement, sa conversion ne sera pas acceptée. Rabbi Yossi bar Rabbi Yehouda ajoute que si un candidat refuse d’accepter même un détail d’une mitsva instituée par les Sages, il ne peut être converti.

C’est ainsi que le Igrot Moshe a statué dans Yoré Déa, volume 2, à la fin du chapitre 128, qu’une conversion réformée n’a aucune validité. De plus, dans Even HaEzer, volume 3, chapitre 3, il précise qu’une femme mariée à un converti par une conversion réformée n’a pas besoin de recevoir un guet (acte de divorce) de lui, car il est considéré comme un non-juif.

De même, le Shevet HaLevi, volume 10, chapitre 227, déclare que la conversion réformée n’est pas une véritable conversion. Le Mishneh Halakhot, volume 12, chapitre 193, indique que la conversion réformée n’est qu’une cérémonie de changement de religion, sans validité selon la loi de la Torah. Enfin, le Yalkout Yossef, dans Sova’ Smahot, précise qu’il n’est pas permis de circoncire les convertis issus d’une conversion réformée, que ce soit en semaine ou le Chabbat, car une conversion sans l’acceptation des commandements n’est pas reconnue par la halakha.

 

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